
Face à une justice débordée qui a bien du mal à remplir sa mission de trancher les conflits pour apaiser la société, le gouvernement veut encourager les modes alternatifs de règlement des différends. « Il faut développer puissamment la conciliation et la médiation », a affirmé la garde des sceaux, Nicole Belloubet, le 5 octobre, en lançant les cinq chantiers de la justice censés déboucher sur des projets de réformes au printemps 2018.
Deux dispositifs coexistent. L’un gratuit et reposant sur un réseau de bénévoles assermentés auprès des cours d’appel pour résoudre les petits litiges du quotidien : la conciliation. L’autre, facturé aux parties, faisant intervenir des professionnels et pouvant porter sur des contentieux beaucoup plus lourds : la médiation.
Ces deux modes de résolution des conflits sont voisins dans leur principe : une tierce personne amène deux parties à se parler autour d’une table afin de trouver un accord. « Notre travail est de restaurer la parole », explique Didier Morfoisse, président de l’Association nationale des médiateurs. « Au tribunal, il y a un gagnant et un perdant, tandis que chez nous, il y a un gagnant et un gagnant », dit Catherine Chini-Germain, vice-présidente de l’Association des conciliateurs de la cour d’appel de Paris.
« Marché concurrentiel »
Alors que les cours d’appel peinent à recruter des conciliateurs de justice, la médiation est en train de se professionnaliser et de devenir un véritable marché. Pascal Eydoux, président du Conseil national des barreaux (CNB), a ainsi évoqué le 20 septembre, en lançant un annuaire en ligne des avocats médiateurs, « les autres professions qui convoitent ce marché concurrentiel ». (Extrait de lemonde.fr du 17/10/2017)